ALEJANDRO CESARCO

Ce film en 16 mm digitalisé est en fait une boucle d’un plan fixe qui dure sept minutes. Il montre un gros plan sur une table couverte d’une nappe et sur laquelle, on voit des journaux et des miettes de pain éparpillées. La poussière et le grain du film démontrent que le temps passe, mais que les événements se sont éloignés de cette scène. Ce plan fixe reste suspendu à jamais derrière l’action principale dont on ne saura rien. Le titre et l’image suggèrent un hors champs et un ailleurs qui s’ouvre sur l’imaginaire de l’absence, rendant compte de l’expérience d’un réel dans sa discontinuité. C’est de cette discontinuité et de cette absence que se dégage une mélancolie sans objet. Tous les éléments qui composent cette scène sont des traces et se posent ensemble comme le signifiant d’une absence. Ici, Cesarco nous plonge dans la mélancolie de ceux qui regardent et qui saisissent que certains évènements, aussi insignifiants soient-ils, restent à tout jamais suspendus dans le temps.